Seule sur la plage

J’écris pour les jours de pluie. Il me suffira de recopier mes notes prises ici, au soleil d’Ambleteuse.

Le maillot mouillé et les mouettes posées juste devant mon nez.
Elles sont là, à pêcher dans les flaques des crevettes égarées.
Je les observe, admirative je les dessine de mes yeux émerveillés,
Le ciel, la mer et ces oiseaux, quel beau tableau improvisé.
La température est supportable parce qu’au bord de l’eau, c’est tempéré.
Une brise légère vient parfaire l’atmosphère calme et coloré
Idéal de mes vacances à la plage, en pleine saison d’été.

Une petite fille aux cheveux longs, blonds et ondulés,
Embarque sous mes yeux dans un petit canoë orangé.
L’embarcation se compose de deux boudins gonflés.
Ils sont pratiques et légers ce qui leur permettent de flotter.
L’enfant vient de monter avec son grand-père très attentionné.
Il lui parle et lui explique les consignes de sécurité,
La blondinette toute excitée enfile enfin son gilet de sûreté.

Je ne peux retenir mes larmes de monter,
à cet instant, je ne peux m’empêcher de pleurer.
Une image vient de s’animer, mon père vient de remplacer,
Devant moi, cet homme avec sa petite fille adorée.
Je sais que si papa était là, il ferait ces mêmes gestes calculés.
Lui aussi, emmènerait ma fille dans son bateau, pêcher.
Les images se bousculent devant moi, entre film et réalité
Elles sont virtuelles et pourtant pour moi réelles et amplifiées.
Papa lui aurait fait découvrir les plaisirs de la mer, justifiés.
Il lui aurait transmis sa passion de la plage, de la pêche à pieds.
Comme il l’a fait avec nous quatre, ses enfants, il y a des années…
Si papa était là, nous serions tous ensemble réunis et comblés
Nous serions allés en vacances avec mes deux parents bien aimés
Comme chaque famille que je vois ici, trois générations rassemblées
Sur les plages, à échanger, partager, marcher, embrasser, crier,
Dans le sable, jouer, rire boire et manger, et même se reposer.

Comme ce lieu est beau et pur, incroyablement féérique
Je suis émue, présente dans ce paradis et à la fois, extrêmement triste,
Est-ce les souvenirs de l’enfance ? Le manque de notre famille ?
Ou l’éloignement pesant de mes frères, douloureusement incompréhensif ?

Je suis restée là, sans bouger, jusqu’à la montée de la marée
Des heures à regarder devant moi, c’est elle qui m’a fait déménager,
Mon sac de plage cailloux fétiche adoré, ma serviette et mes clefs.