Mon Taureau
Un taureau chocolat dans les boutons d’or regardait l’horizon.
Dans l’herbe fraîche du début de soirée, quand l’odeur de verdure embaume l’atmosphère, ce « Monsieur” se pavane, seul.
Fier de lui et tête haute,
Il promène son corps dans l’espace qui lui est attribué, digne et heureux.
Le jaune éclatant des boutons d’or, brille comme des lucioles dans la nuit.
Le vert de l’herbe est si finement ciselé qu’il touche à peine l’animal et celui-ci donne l’impression de planer.
D’être aussi léger que le décor,
Ce molosse impose sa présence.
Il reflète la santé, il expose sa beauté à l’entrée de ce joli petit village de Vendegies-sur-Ecaillon.
Sa prestance m’a impressionné, sa beauté aussi.
J’étais au volant et je ne pouvais ni me garer, ni m’arrêter, mais son image parfaite me reste gravée depuis que je l’ai croisé.
Je ne suis pas spécialiste, ni une fan inconsidérée de ces animaux, mais je l’ai remarqué, là-bas dans son pré, éclairé de tous ces mini-spots jaunes. Avec sa robe chocolat au lait il affichait un décor de carte postale parfaite.
Mon regret est de ne pas avoir immortalisé cet instant, ce flash magnifique qui m’a frappé quand je suis passée devant, ou plutôt quand mon regard s’est posé, par hasard sur le côté droit de la route, m’emmenant chez maman.
Depuis, je lui parle en silence.
Sa photo manque dans ma collection de trésors, cela devient même une obsession.
Plusieurs fois par jour cette question me traverse:
« Le reverrais-je, sur le chemin du retour ? »
Son image papillonne, illumine et m’entête joyeusement.
Après quelques jours, nous reprenons la route pour rentrer à Lille.
Des averses entrecoupées d’éclaircies nous accompagnent dans cette journée.
Derrière mon volant, en silence je pense à « mon taureau. »
Certes, c’est avec plusieurs souhaits que je conduis.
L’espoir, qu’il soit encore dans son pré bien sûr est la première de la liste.
Ensuite que la pluie et les nuages ne viennent pas ternir mon souvenir et surtout,
je ne pense qu’à une chose: faire une photo pour illustrer mon récit.
« Pourrais-je m’arrêter cette fois ? »
Toutes ces questions tournent en boucles et je roule en y réfléchissant.
J’arrive à l’entrée du village, la scène se passe à l’autre extrémité.
Je commence à regarder derrière moi, pour vérifier qu’il n’y a pas de voitures qui me collent d’un peu trop.
Je laisse d’ailleurs passer deux de ces voitures, en glissant sur le trottoir.
Je peaufine mon plan qui est de me garer au plus près du lieu.
Le soleil est là, bien présent, il est 18h30 qui plus est, heure identique de notre passage dans l’autre sens.
Nous y voilà, je crois, car après il me sera impossible de stopper.
Une fois la voiture arrêtée sur le côté, je ne vois toujours pas cette belle étendue verte parsemée de jaune.
Je continue à pieds, je traverse aussi la chaussée avant d’apercevoir un petit morceau de vert frais, entre deux murs au loin.
Je suis excitée. J’avance de bonne humeur, je suis proche de la vérité.
Je suis proche de mon obsession et de cet animal qui m’entête depuis quelques jours.
Voilà, encore une maison, la dernière du village.
J’arrive à mon but…
Flûte, c’est loin ! Le joli pré est au fond mais j’aperçois une tache marron clair.
Oui, il est là-bas. Mon cœur bat très fort. Vais-je réussir à capter son attention et l’attirer près de mon objectif ?
Je tape sur la grille avec la chaîne qui ferme un pâturage, au premier plan, à ma portée.
Non, impossible d’attirer ce sujet vers moi.
Après tant d’efforts, je ne peux me résigner à rentrer chez moi sans le voir mieux, en entier, comme la première fois.
Rapidement, je cherche une solution.
Un champ immense en contre bas est limitrophe, il longe ainsi les grands espaces verts et la chaussée.
Si je parviens à descendre parmi les grandes herbes, s’il n’y a pas de ravin, je serais dans quelques minutes près de lui.
J’y vais. Pas à pas, en assurant bien sûr mon avancée, car je comprends que si je tombais dans ce fossé, personne ne pourrait venir à mon secours, tant les herbes sauvages sont hautes.
Encore quelques pas et je serai au bas.
En me tenant aux grandes tiges, je descends, un pieds après l’autre.
Voilà, j’y suis. Pas d’eau, pas de trou profond, je suis ravie de mon exploit.
J’avance vers mon but, je suis toute excitée et en même temps je pense que cela est mérité, depuis que j’en rêve. J’entends la petite voix de ma conscience me murmurer :
« Ça ne m’étonne pas de toi ! Quand tu as une bonne idée, tu vas jusqu’au bout. »
Je marche maintenant dans le champ, où la terre à demi-sèche cultive du blé, je pense, celui-ci est à peine levé.
Je n’ai qu’un but, aller voir mon taureau au bout de la pâture, un peu plus loin.
Je suis toute excitée, mes jambes légères m’emmènent jusqu’à lui, je vais enfin pouvoir j’espère faire “ma photo.”
J’approche, oui, je le sais, je le vois de plus en plus près.
Je prépare mon objectif, il est là, tout près de moi, mais pas trop quand même, je regarde où je mets les pieds, j’arrive je suis de plus en plus près.
Je lève la tête, là devant moi cet animal dont j’ai rêvé depuis cinq jours, est en face de moi. Dans les herbes un peu moins hautes que dans mon souvenir… Mais il y a tout ! Les boutons d’or, la lumière et lui, magnifique, robuste, comme l’image que je gardais de mon passage furtif devant ce petit coin de verdure, aperçu rapide mais qui avait marqué ma sensibilité.
Maintenant, Il est là… !
Et je le photographie bien évidemment avec plaisir.
Ma joie est immense, je m’éclate dans les prises de vues, quand tout à coup, quelque chose apparaît sur le côté, quelque chose dont je ne soupçonnais pas l’existence, vient s’ajouter dans mon viseur, quelque chose de splendide.
Un cadeau, oui bien sûr, quoi d’autre ?
J’ai devant moi, une famille. Une vraie famille constituée du papa, mais aussi de la maman et d’un magnifique petit, tous les trois de couleur identique, tous les trois réunis dans cet écrin de paradis vert.
Je n’ai plus de mot, ma joie est à son comble.
La mère, curieuse mais aussi sur la défensive, s’avance, seule pour voir qui je suis.
Le petit s’approche aussi, fébrilement, pas encore très sûr de lui, et fragile, peu expérimenté sur ses quatre pattes.
Il reste près de sa maman qui le protège en le repoussant quelque peu.
Quelle belle prise de vue !
Merci pour ce cadeau tellement inattendu,
Merci pour ce cadeau magique.
Une image parfaite, de la famille parfaite.
Je suis stupéfaite, moi qui ne m’attendais à rien, c’est à dire que je ne savais même pas si j’allais revoir le taureau vu la semaine dernière et là non seulement, je le retrouve, mais en plus je découvre sa femme et son enfant sans aucun doute.
Même robe, tous les trois, identiques, de pure race ces trois vedettes sont là pour moi.
Je suis heureuse. Un présent du ciel. Comment imaginer ce qui se passe à l’instant même ?
Même moi, je suis tellement sous le charme de cette scène qui se déroule devant moi.
Je n’imaginais pas qu’aujourd’hui c’était encore possible !
Je n’imaginais pas que des fermiers respectaient les animaux à ce point.
Je ne rêvais plus de ce genre d’image depuis bien longtemps.
Merci d’avoir déniché pour moi, ce joyau de paix et d’amour.
Merci d’avoir mis sur ma route ce spectacle.
Quelle belle récompense pour moi, sans doute, pour ma persévérance.
En effet, j’aurais pu continuer mon chemin et ne pas m’arrêter au retour. Au contraire, j’y pense depuis le premier jour, depuis que j’ai croisé cette belle image, de cet animal fier de lui, qui se pavane dans l’herbe fraîche.
Je comprends maintenant, en plus d’être beau et fort, il était fier d’être père, cela, je ne pouvais le deviner, ni le voir, en un éclair, entre deux murs.
Aujourd’hui, mes prises de vues dépassent toutes mes espérances, trois vedettes au lieu d’une seule.
Un trio idyllique, une image familiale comme on en voit plus. Je n’en avais d’ailleurs jamais vu, en général, les vaches sont avec leur petit, c’est tout.
Les taureaux ne sont que rarement dehors, encore moins en famille.
J’ai de la chance, cette scène se présente à moi, pour moi.
Mes photos sont si belles que j’en ai les larmes aux yeux.
J’en veux encore plus, je m’approche un peu plus, et là je me rends compte que la barrière n’est pas très haute, je commence à me dire que si ce colosse prenait peur ou sentait tout à coup le danger pour la vie de sa progéniture, alors là, je ne pourrais courir assez vite pour lui échapper car il aurait vite fait, d’écraser la grille et de me charger.
Cette idée a vite fait de grandir en moi l’espace d’un instant, et l’instant d’après j’étais de retour en haut du chemin, puis dans ma voiture. Laissant cette belle famille vivre en paix à l’abri des regards indiscrets. Je suis ravie de vous partager cette “épopée”, cette belle expérience de ma vie.
Et celle-ci est vraiment surprenante, elle reflète parfaitement mon fonctionnement.
Je fonctionne au ressenti. Le regard que j’ai sur ce que j’observe dans une journée, en promenade ou en chemin pour les courses et même en voiture comme c’était le cas ici.
Je vois et j’analyse.
Je regarde et j’admire.
Mon œil est attiré, jamais par hasard je le sais maintenant.
Toujours le beau, le coloré, le vivant bien sûr.
De plus en plus, les situations les événements m’arrivent pour une raison précise : vous les raconter !
J’espère que vous avez apprécié ce récit.
À bientôt pour de nouvelles aventures !
1 Commentaire
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Magnifique histoire !!!!
A la lecture de ton récit, je me dis que tu es une personne incroyable.
et les photos qui les accompagnent sont majestueuses.
Merci de m’avoir partagé cette merveilleuse aventure.